Le dernier envol du médecin général inspecteur Valérie André

Le 2 septembre 2010, à Villacoublay, le médecin général inspecteur Valérie André se voit remettre le brevet 001 de pilote militaire d’hélicoptère par le général Paloméros, 60 ans après avoir reçu le brevet civil.
Avec plus de 4 200 heures de vol et 496 missions de guerre, le médecin général inspecteur Valérie André vient de prendre son dernier envol pour rejoindre le paradis des aviateurs ce 21 janvier 2025 dans sa 103e année.
Elle aura eu une carrière militaire hors du commun qui aura profondément fait évoluer la place des femmes au sein de l’Institution où elle aura été une pionnière.
A 16 ans, elle prend des cours de pilotage mais la guerre interrompt ce projet : ce sera médecine à Clermont Ferrand où l’appel à servir lancé par le doyen la décide à s’engager comme médecin parachutiste en Extrême-Orient en 1948. Pendant deux ans, elle soigne les blessés parfois après avoir été parachutée au cœur des combats.
En 1950, le médecin-capitaine Valérie André découvre les deux premiers hélicoptères acquis par le service de santé, qu’elle convainc d’admettre qu’un médecin pilote permettrait de sauver plus de soldats. Elle est la première femme à obtenir en France son brevet de de pilote d’hélicoptère à 28 ans. De retour en Indochine, elle rejoint l’unité du capitaine Santini, pionnier de l’emploi des hélicoptères dans les armées françaises, et affronte de nombreuses fois la mort pour arracher « ses » blessés de la mort dans des conditions de vol difficiles sans carte précise et sans moyens de radionavigation.Le capitaine Valérie André est la première femme au monde à piloter un hélicoptère sur un champ de bataille.
De retour en France, elle continue ses activités de médecin et de pilote avant de rejoindre, sur sa demande, le théâtre algérien en 1959 après avoir réussi sa qualification sur H-34. En 1961, elle totalise plus de 350 missions de guerre, deux citations à l’ordre du corps aérien avec croix de la valeur militaire et a survécu miraculeusement au crash de son hélicoptère.
De retour en France, elle va se battre pour faire reconnaître la place des femmes dans les armées. Elle devient la première femme colonel des armées françaises en 1970 et accède au grade de général en 1976 comme directeur du service de santé de la 2ieme RA. A la tête de la commission « étude prospective de la femme militaire » elle se bat et obtient que les femmes puissent accéder à toutes les spécialités. Elle termine sa carrière avec une troisième étoile comme Inspecteur du service de santé des armées.
Au début des années 80, elle fait partie de l’équipe fondatrice de l’académie nationale de l’air et de l’espace au côté d’André Turcat. Aussi longtemps que sa santé le lui permit, elle assista aux cérémonies militaires du CIEH et à celles se déroulant à Villacoublay, ainsi qu’aux AG de l’ANTAM et de l’AHA.
Femme au caractère bien trempé, pugnace et dont l’abnégation à servir son pays a suscité de nombreuses vocations chez des jeunes femmes, le médecin général inspecteur Valérie André est pour nous d’abord une pilote qui fait partie des pionniers de l’emploi de l’hélicoptère sur le champ de bataille au service des blessés, mais aussi celle qui permit aux femmes d’accéder à tous les métiers militaires.
« Son statut de général, elle ne le doit qu’à son courage hors norme et à un parcours digne des plus grands héros de l’histoire du 20e siècle. C’est bien pour ce qu’elle a fait et pour ce qu’elle a été, que Valérie André est entrée dans la légende de son vivant. »
Mon général, bon vol vers le panthéon céleste de celles et ceux qui ont fait l’armée de l’air et de l’espace, une place de choix, bien méritée, vous attend à côté de votre époux Alexis Santini.
Inspiré de l’article du Col SANSU à paraitre dans le prochain numéro d’ANTAM info.

Inauguration du hall dédié aux hélicoptères au musée de l’Air et de l’espace le 12 mars 2011 avec Catherine Maunoury, directrice du musée et championne du monde de voltige aérienne