L'histoire du groupe, puis de l'escadron de transport MAINE, se décompose en deux périodes distinctes,
1. Le MAINE en métropole, de 1945 à 1977 : successivement GT 3/15, GT2/61, ET2/64.
2. Le MAINE en Polynésie, à partir de 1979 : ETOM 82
1. Le MAINE en métropole.
Le Groupe de Transport 3/15 formé à ISTRES en 1941 fait mouvement sur le terrain d'OUJDA au MAROC. Il est dissout en 1943 en raison du manque d'avions de transport et de la nécessité de regrouper les moyens aériens disponibles. ( Nous n'avons pas connaissance des avions qui équipaient le 3/15. Merci à ceux qui pourront compléter ce paragraphe).
Au début de 1945, le besoin de transports aériens conduit le commandement à reconstituer le GT 3/15.
L'instruction n°290/EMGA du 20 janvier 1945 signée du Général de corps aérien Valin crée ce groupe qui reçoit l'appellation " MAINE ". Cette instruction prévoit de doter le groupe de 21 personnels avec une escadrille de 6 avions lourds JUNKER 52 saisis à l'Allemagne, une escadrille sanitaire de 2 bimoteurs GOELAND et 4 monomoteurs MORANE 500 ( en fait, cette escadrille n'existera pas), 1 voiture légère, 2 camions 3t5, et .......3 bicyclettes.
Les nombreuses difficultés dans la recherche du personnel et la mise en place du matériel font que le noyau central prévu par l'instruction est abandonné . Il appartient au Commandant GUILLOCHON, affecté au groupe le 14 février 1945 , d'établir un tableau d'effectif approprié qui sera alimenté par des personnels terminant leur tour d'opération.
Ces personnels proviennent des Groupes Lourds, des Groupes Lorraine, Maroc, Bretagne..,de la Chasse,( un lieutenant pilote du Normandie-Niemen qui a l'avantage de parler russe et sera très utile lors de certaines liaisons en Allemagne. Il sera le porte-drapeau lors du premier défilé en France libérée, le 14 juillet 1945 à Paris ), de navigants de l'Aéronavale !!!, des FFI, et d'autres restés bloqués en France après l'occupation de la zone sud par les Allemands.
Des Croix de Guerre " comme çà ", des Médailles militaires, des Légions d'honneur, des décorations anglaises, américaines, soviétiques, deux Compagnons de la Libération. Au Commandant Guillochon le soin de fédérer tout ce beau monde dans la discipline particulière du transport aérien.
Côté matériels, les JUNKER 52 récupérés ne sont pas toujours en état opérationnel. L'approvisionnement en pièces de rechanges relève de l'art du cannibalisme dans lequel les mécaniciens sont passés maîtres.
L'entraînement sur JUNKER débute à ETAMPES en mars 1945; le 20 mai 1945, le personnel est vacciné contre le typhus. Le commandant FAURE sur le JU n°64 effectue la première mission de rapatriement des déportés sur LE BOURGET-GOTHA-LE BOURGET avec ravitaillement à STRASBOURG. Le 28 mai 1945, le S/Lt BOURDILLAT sur JU n°22 assure la première rotation sur ORAN et ALGER. Le 29 mai 1945, le Cne LAFAYE part pour TUNIS et établit le 30 mai un record, TUNIS-TOULOUSE direct. Le 13 juin 1945, c’est l’inauguration de l'avion-courrier de la 1ère armée, vol quotidien LE BOURGET-STRASBOURG- SAXENHEIM- MENGEN et retour.
Le 14 juin 1945, arrivée du JUNKER 1001, ex-avion personnel du Maréchal GOERING, équipé de moteurs latéraux... PRATT et WHITNEY !!! et d'un central BMW, dégivreurs d'ailes, train caréné,...220 au badin, et énorme siège en osier adapté à la morphologie de son utilisateur. Il sera remis, en présence du Colonel ALLIAS commandant le GMMTA, au ministre de l'air Charles TILLON le 6 juillet 1945 au profit des Services de Santé pour monter en altitude les enfants atteints de la coqueluche.
Dès 1946, les JU52 du MAINE assurent une ligne régulière sur PARIS- CALCUTTA-SAIGON et en 1947 , deux autres lignes régulières sur PARIS-TANANARIVE avec 15 escales en 9 jours , et sur PARIS-BRAZZAVILLE avec 8 escales en 6 jours.
Le MAINE devient entre temps le Groupe de Transport 2/61.
Le 2 novembre 1948, le MAINE est endeuillé par la disparition du Lt- Colonel POSTAL et de son équipage au Cambodge sur la ligne PARIS-SAIGON. ( Le Lt-Colonel Postal a été un précurseur dans l'emploi des méthodes PSV dans l'Armée de l'air ) . Une stèle à la mémoire de cet équipage sera érigée sur la base du Bourget-Dugny le 29 janvier 1949. Cette stèle s'y trouve toujours et est devenue le lieu de commémoration annuelle des Anciens du MAINE.
D'avril à août 1948, le MAINE participe avec ses JU52 au pont aérien de BERLIN au milieu des DC4 américains et autres DC3, ce qui n'était pas sans poser de problèmes de régulation des approches compte tenu des différences de vitesse. Un JU52 du MAINE en panne et remorqué par ... une paire de boeufs ... aura un franc succès à Berlin.
Dans les années 1950, le MAINE fournit des radios et navigateurs en complément des équipages des ILLIOUCHINE 2 (DC3 soviétiques) de transport de VIP pour les différentes conférences internationales. Les méthodes de pilotage resteront longtemps dans les mémoires: jamais de point fixe, seulement 4 fréquences VHF.!!! pour un strict suivi des couloirs avec une chasse soviétique qui ne reconnaît pas forcément les siens.
L'éternelle adéquation " missions-moyens " conduit alors le GMMTA à se doter d'avions à rayon d'action adapté aux lignes vers l'AFRIQUE, notamment ALGER, DAKAR , BRAZZAVILLE.
En juin 1951, le MAINE perd ses JU52 et reçoit le premier SE161-R " LANGUEDOC ", le FRAPA. Des moteurs Gnome et Rhône 14R de 1600 ch , 2 vitesses de compresseur, hélices quadripales accroissent notablement les performances par rapport à celles des SE161-P7 d'AIR-FRANCE équipé de Pratt et Whitney.
Agréable à piloter, PARIS-ALGER en moins de 4 heures, il pose toutefois pas mal de problèmes: pneus haute-pression (7kg) qui limitent les accès aux parkings peu résistants, givrage carburateur qui oblige à casser la glace à coup de manette des gaz ou qui se traduit par l'arrêt de un, voire des 4 moteurs !!!!, " ploufs " annonçant une rupture de segments, sacs de sable à remplir pour assurer le centrage avion à vide. 14 LANGUEDOC seront affectés au MAINE.
Le 23 octobre 1952, le FRAPC, au décollage pour un vol de contrôle, s'écrase au BOURGET avec le commandant DANNA et les dix membres de son équipage. Il n'y aura aucun survivant.
A partir de 1955, les événements d'Algérie, et surtout la prochaine installation du Centre d'essais nucléaires de REGGANE vont conduire le commandement à abandonner le LANGUEDOC pour le remplacer par le BREGUET Deux-Ponts 765 " SAHARA " construit sur la base du BR763 " PROVENCE "d'Air-France. Dans l'attente de ce nouvel avion, le MAINE est doté de C47 et des 3 BREGUET Deux-Ponts 761 , ex-prototypes du BR763 , les FRAPA, PB, et PD. (Depuis l'accident du Languedoc FRAPC, plus aucun avion du MAINE ne recevra cette immatriculation.)
Les BREGUET 761 se révèlent bien adaptés comme moyens-courriers vers l'ALGERIE. Leur avantage réside dans la possibilité d'équiper l'avion en transport de personnels au pont supérieur, matériels au pont inférieur, ou les deux ponts en personnels.
Mais , ex-prototypes, ils sont loins d'être des " racers ": tous différents , taux de montée en charge voisin de 250 pieds/minutes, moteurs PetW fatigués, hélices électriques capricieuses, les pannes sont fréquentes.(en septembre 1960, le passage inopiné en réversion des hélices des moteurs 1 et 4 ne s'est pas terminé en tragédie le mécanicien équipement réussissant à déconnecter les relais électriques défaillants en quasi finale du crash). Néanmoins, grâce à la pugnacité du directeur des usines BREGUET de Villacoublay, le civil le plus connu du MAINE, Monsieur DECOOP, 3 BR 761 défileront au-dessus des Champs-Elysées le 14 juillet 1957.
Le FRAPA , victime d'une sortie de la piste particulièrement étroite sous l 'effet d' une violente rafale de vent restera ensablé à REGGANE .(il faut dire que les balises avaient été scellées sur d'énormes blocs en béton: résistance assurée, et bonne chance pour les trains d'atterrissages !!!)
En 1959 , le MAINE reçoit 4 BREGUET 765 " SAHARA "( une série de 15 avions avait été prévue, mais le C160 TRANSALL est déjà sur les rails). Spécialement aménagés pour le transport militaire, sur la base du BR763 d'Air-France, des réservoirs supplémentaires en bout d'ailes, une vitesse et une charge accrue , il s'avèrent performants et fiables. Les BREGUET 2 PONTS seront surtout attachés aux transports logistiques sur l'Algérie et plus particulièrement au profit des Centres d'Expérimentations Nucléaires du Sahara à REGGANE et IN-AMGUEL . La première bombe atomique expérimentale sera transportée par un BR765.
Le BR765, en raison de sa capacité et de son rayon d'action avec réservoirs supplémentaires assurera aussi de nombreux autres transports : transport logistique pour les Expéditions Polaires avec P.E.Victor au Groenland, voyages de l'Ecole de l'Air en Afrique, au Canada et USA via le Groenland, ...
A partir de 1961, la fin de la guerre d'Algérie conduit le Commandement à rechercher un nouvel avion long-courrier pour les transports sur l'Afrique et la Réunion en s'affranchissant des escales en Algérie. L'installation de Brigades d'engins sous commandement français en Allemagne nécessite aussi des transports pour l'entraînement des personnels à El-Paso aux USA. Le DOUGLAS DC6 est choisi.
Le premier vol d'entraînement a lieu le 12 octobre 1962, la première mission sur Dakar le 15 octobre, bientôt suivie par les vols transatlantiques et les misions sur Fort-Lamy (Njamena), Djibouti , la Réunion, et diverses croisières( Ecole de l'Air,...).
En 1968, à la fermeture de la Base du Bourget, le MAINE s'installe sur la BA105 d' Evreux. En 1969 commence l'extinction des BR765. En juillet 1977, le 2/64 MAINE est dissous.
Il renaîtra en 1979 en Polynésie où l'ETOM 82 continuera à porter l'insigne du MAINE.Toujours en Polynésie, cet escadron a connu successivement les joies de la Caravelle , du Twin otter, et actuellement il est équipé de CASA et de PUMA.