Escadron de transport "Poitou"

Appellations successives
GT 4/15 "Poitou" du 10.05.1945 au 30.06.1947
GT 3/61 "Poitou" du 01.07.1947 au 30.09.1953
ET 3/61 "Poitou" di 01.10.1953 au ........

C'est le 10 mai 1945 qu'est né, à Lyon, le groupe 4/15 "Poitou". Le commandement en est confié au Lieutenant-colonel JOUHAUD. Son personnel provient du groupe aérien spécial 1/36 "Pyrénées" en cours de dissolution. Son matériel des Beechcraft UC45, provient du GT 2/15 qui vient de recevoir des Dakota.

Dès la fin du mois, les avions du groupe effectuent des missions de liaison, transportant non seulement des officiers généraux ou supérieurs déjà célèbres ou qui vont le devenir, mais aussi des personnalités civiles, telles que M. Yves FARGE, commissaire de la République, le préfet du Rhône, MM BIDAULT, ALPHAND et COUVE de MURVILLE et même une troupe d'artistes: Jean NOHAIN, MIREILLE, Robert ROCCA, Claude PINGAULT

En octobre, le groupe déménage vers Chartres où il restera plus de 8 ans et en avril 1946 il est rattaché à la 61ème escadre de transport. En juillet 1946, le groupe reçoit son premier Junkers 52. Il va pouvoir désormais faire du véritable transport, tout en continuant ses nombreuses missions de liaison avec les Beech qui ne disparaîtront qu'à la fin de l'année.

Le 1er juillet 1947 le "Poitou" devient GT 3/61.

En octobre 1947, le groupe voit fondre son personnel: la plupart de ses équipages, en effet, vont former le groupe de marche 3/64 "Tonkin" en Indochine.

Quelques autres équipages seront détachés à Tananarive au moment des troubles de Madagascar. L'activité de ce qui reste du groupe à Chartres est donc considérablement réduite: elle consiste à peu près uniquement à faire voler les avions une fois par mois. Heureusement cette situation ne se prolonge pas: le "Poitou" devient un Groupe de Transport à part entière, assure des lignes régulières, en particulier sur l'AFN, et des missions " à la demande ". Comme tous les autres groupes, il assure l'entraînement sur les appareils dont il est équipé, Ju 52 puis C 47 à partir de Mars 1953, des pilotes sortant du " pré-CIET " ou d'Avord qui lui sont affectés et les prépare ainsi à effectuer leur Stage de Qualification Transport à Francazal.

Quelques autres équipages seront détachés à Tananarive au moment des troubles de Madagascar. L'activité de ce qui reste du groupe à Chartres est donc considérablement réduite: elle consiste à peu près uniquement à faire voler les avions une fois par mois. Heureusement cette situation ne se prolonge pas: le "Poitou" devient un Groupe de Transport à part entière, assure des lignes régulières, en particulier sur l'AFN, et des missions " à la demande ". Comme tous les autres groupes, il assure l'entraînement sur les appareils dont il est équipé, Ju 52 puis C 47 à partir de Mars 1953, des pilotes sortant du " pré-CIET " ou d'Avord qui lui sont affectés et les prépare ainsi à effectuer leur Stage de Qualification Transport à Francazal.

Fin octobre 1953, le "Poitou", entièrement équipé de C 47, quitte Chartres pour rejoindre le "Touraine" à Orléans-Bricy et, du fait de la nouvelle organisation de la 61ème escadre, il devient escadron.

Début 1954, le " Poitou " reçoit les premiers Nord 2501 du GMMTA, qui sont en fait destinés au GT 2/64 " Anjou ", alors basé à Tan Son Nhût, Groupe qui sera le premier à être équipé de ce nouvel avion, et " couvre " la transformation des Equipages mutés en Indochine, équipages issus des Groupes du GMMTA, mais aussi d'autres horizons (Avord, SAMAR, etc), et qui assureront le convoyage vers Saïgon.

Par la suite, le " Poitou " touche les premiers " Nord " qui lui sont affectés en propre et c'est une ère nouvelle qui commence pour l'escadron, une ère de déplacements "tous azimuts": Allemagne, Angleterre, AFN, Afrique Noire, Madagascar, Suède, et même Australie.

En 1956, l'escadron participe aux opérations de Suez.

Parmi les missions les plus remarquables effectuées par le "Poitou" au cours des années suivantes il faut citer: les aérotransports de Fort-Trinquet (mars 1957) et de Mauritanie (juin 1958); les missions au Groenland en 1957 et 1959; des convoyages et présentation de matériels, en Inde et en Grèce (1959); la croisière de l'école de l'Air en Australie (1960); l'évacuation de la base de Meknès en 1961.

En mai 1961 a lieu le premier exercice de desserrement sur le terrain de Montpellier-Fréjorques. D'autres auront lieu, à Brétigny en 1962, à Rennes en 1963. Ces exercices ont pour objet de démontrer l'aptitude des escadrons à vivre et à fonctionner de manière autonome sur un aérodrome non équipé, en dépit de leur organisation au sein de la 61ème escadre.

Lors du transfert de l'"Anjou" de Blida à Reims, le "Poitou" détache quelques appareils à Maison-Blanche pour renforcer momentanément les groupes "Algérie" et "Sahara". Le 20 mars 1962 l'un de ces appareils effectuant la ligne régulière Ouargla-Alger percute le relief aux environs d'Alger. Cet accident fait 11 victimes, dont les 5 membres d'équipage.

En 1967 l'escadron participe à la recherche des nappes de pétrole en Manche, à la suite de la catastrophe du Torrey-Canion. Il effectue, cette année-là, une nouvelle mission au Groenland.

En 1968, opérations du Tibesti, mise sur pied des bases opérationnelles de Bardai et de Faya-Largeau.

En 1969, l'escadron est désigné pour constituer un groupement mixte de transport à Fort-Lamy, ce qui entraîne une mise en sommeil momentanée à Orléans.

En 1971, l'escadron passe sur C.160 Transall et participe dès lors à toutes les grandes missions que la 61ème escadre doit assurer avec ce matériel. En septembre 1971, c'est un Transall du "Poitou" qui accompagne Concorde lors de son voyage en Amérique du Sud.

En 1972, transport au Caire d'un sous-marin de poche de la compagnie COCEAN, destiné à réparer un pipe-line dans le golfe de Suez.

En avril 1972, premier exercice de desserrement avec le Transall sur la base de Saintes et l'année suivante à Ambérieu.

Activité très intense en 1973 (plus de 7000 heures): transport de l'EMIR au Nicaragua par le lieutant LALLOZ; opération "pluie du Sahel" par le lieutenant POINCELET; participation à la campagne de tir du CEP; déménagement du point d'appui de l'océan Indien d'Ivato à Saint-Denis de la Réunion; participation aux salons internationaux de Sao-Paulo et Caracas, etc..

En 1974, c'est l'Autriche, le Togo, Papeete; en 1975, l'évacuation des ressortissants français de Phnom-Penh, la participation à la libération de l'ambassadeur de France en Somalie, l'évacuation de la base de Fort-Lamy, qui est devenu N'Djamena.

Activité moins importante en 1976, mais tout de même quelques grands voyages: à Kinshasa à l'occasion d'un convoyage de Mirage V, à Pointe-à-Pitre, à Kiruna pour la campagne en pays froid de l'Alphajet, à Oman et en Libye pour y présenter le Transall.

En 1977 c'est l'opération "Verveine" dans laquelle 10 équipages du "Poitou" sont engagés et un transport de céréales au Tchad. L'opération "Lamantin" met en place à Dakar des C.160 et des équipages du "Poitou" en détachement pour assurer la protection du train minéralier de Zouerate. Le commandant PERROLLAZ commande un groupement de transport pour l'exercice "Estuaire 77" groupant la 11ème escadre de chasse et ses Jaguar et des C.160 au Togo, au Gabon et en Côte-d'Ivoire.

L'activité en 1978 remonte au niveau de 1973, avec les diverses opérations qui se déroulent au Tchad, en Mauritanie, au Liban et au Shabba. Et le "Poitou" remporte la coupe au congrès du transport qui a lieu à Evreux. Victoire qui confirme, s'il en était besoin, la grande capacité opérationnelle de l'escadron, due à la cohésion, à la compétence et au dynamisme de ses équipages.

En 1979, la renommée du Transall parvient jusqu'en Chine où le "Poitou" présente ses qualités exceptionnelles au cours de la mission Empereur.

Les capacités et les performances du C.160 lui valent une participation de plus en plus grande aux erxercices interarmées qui atteindra son paroxysme en 1980 et 1981 avec l'engagement du "Poitou" dans vingt opérations aéroportées. Les équipages assurent une disponibilité remarquable permettant l'exécution de Barracuda (installation à Bangui), les manoeuvres franco-ivoiriennes et franco-togolaises.

Le COTAM s'investit également dans la défense européenne et les échanges du "Poitou" avec la Luftwaffe et notamment le LTG 61 marquent les prémices du Corps Européen et d'une coopération franco-allemande fructueuse.

En 1982 le "Poitou" installe un équipage à El-Gorah au Sinaï dans le cadre de la Force multinationale, pendant que d'autres continuent de sillonner l'Afrique ou participent aux premiers convoyages vers les Etats-Unis pour RedFlag.

Puis le "Poitou" se tourne vers d'autres horizons et certains s'échappent aux antipodes de l'unité pour un détachement à Nouméa. Les "Iles du Vent" doivent également rester présentes dans le souvenir de ceux qui ont accompagné le voyage présidentiel aux Antilles. Mais, nourris de "belles missions", les tacticiens de l'escadron ne perdent pas leur savoir faire opérationnel et le prouvent en remportant à nouveau le Congrès du Transport aérien militaire 1986. Etait-ce dû à l'entraînement subi lors de l'accompagnement du rallye Paris-Dakar ou l'aguerrissement des troupes lors des détachements, comme à N'Djamena où le 17 février 1986 un équipage avait assisté, pendant leur roulage, au bombardement de la piste tandis qu'un autre devait remettre les gaz dans la même situation délicate.

Le début des années 1990 est plus fortement marqué par les départs vers le sud-est où l'engagement dans la guerre du Golfe est total pour ceux qui se distinguent dans l'opération Daguet. La haute technicité, la compétence et la disponibilité quasi infinie des équipages du COTAM sont reconnues dans cette opération ainsi que lors des largages de l'opération Libage, au nord de l'Irak, pendant que quelques "chanceux" oeuvrent au Tchad ou en Centrafrique.

Le calme revenu, une nouvelle vague se prépare et déferle sur nos unités sous forme d'action humanitaire. Le "Poitou" met en oeuvre un C.160 qui quitte Bricy le 1er novemnre 1991 pour le Cambodge. Après une semaine d'attente à Bangkok, le F44 aux couleurs de l'ONU se pose à Phnom-Penh. Pendant deux mois, le commandant HAMET et son équipage oeuvrent sans relâche à la mise en place de la mission préparatoire des Nations-Unies au Cambodge (MIPRENUC) par des liaisons incessantes vers Ho-Chi-Minh-Ville, Bangkok, Battambang et Siem-Reap. Outre la découverte du temple d'Angkor, cette mission en territoire asiatique va nourrir, pendant presque deux ans, les esprits de souvenirs inoubliables. En cette année 1991, le "Poitou" reçoit l'un de ses anciens chefs le Général DUVIVIER qui choisit d'y fêter ses 10.000 heures de vol.

L'intervention humanitaire se poursuit sous forme d'un pont aérien entre Split et Sarajevo au profit des populations assiégées et martyrisées de Bosnie-Herzegovine. Dans un climat d'insécurité prononcé, les équipages se succèdent dans l'exécution d'une mission délicate mais extrèmement motivante par son caractère opérationnel et humanitaire.

Les détachements dans un cadre multinational se multiplient en 1992 et 1993 avec des équipages au Cambodge pour l'APRONUC, à Djibouti pour l'intervention ORYX en Somalie, à Split pour l'UNHCR puis à Francfort pour les largages de nuit sur la Bosnie.

L'été 1993 marque la date de la dernière mission vers Florès que le "Poitou" représenté par son commandant d'escadron, se charge d'exécuter avec brio.

A l'automne 1993, l'activité humanitaire s'atténue mais, sous les ordres du commandant HAMET l'escadron se voit confier deux nouvelles missions aussi passionnantes que contaignantes et propices à un enrichissement de l'expérience et des connaissances des personnels dans de nouveaux domaines opérationnels et techniques. Ce sont la participation d'équipages du "Poitou" à la préparation et à l'exécution de missions pour le Commandement des opérations spéciales et la transformation des premiers équipages sur C.160 rénové.

Outre les quelques détachements permanents en Afrique Centrale, l'action extérieure se traduit par l'évacuation des ressortissants occidentaux de Kigali en avril 1994 et par l'intervention humanitaire Turqoise au Rwanda en juin qui fait intervenir pour la première fois des équipages Opérations spéciales s'illustrant de façon impressionnante de l'aveu même des &quipages américains.

Dans une période d'activité réduite, le "Poitou" renoue avec sa fonction pédagogique d'antan et s'attache à transformer ses personnels sur le Transall rénové qui lui permettra encore longtemps de sillonner les cieux du monde avec entrain et professionnalisme.

Tout au long de ces 50 ans d'histoire, le "Poitou" n'a pas perdu le sens des traditions en fêtant en 1992 la naissance de Tabarin, baudet du "Poitou", devenu mascotte de l'escadron. Avec lui apparaissent de nouvelles coutumes qui traduisent la volonté de faire perdurer un esprit de corps digne de celui des "Anciens". Esprit qui a contribué à la réputation de ce bel escadron et qui l'animera encore tout aulong de son Histoire....