Transformation sur MH1521 Broussard
CA GAZE (traduisez : les cours au sol)
Le lundi, il y avait bien trois doc, deux instructeurs et un point commun le « Broussard ».
Gros bisous aux copains retrouvés : « salut machin, t’as grossi dis ! Y’a bidule, tu te souviens de Dudule, il est muté disciplinaire en Polynésie sur Caravelle…et toi, t’es marié ? Zut ! Avec lesquelles ?
Bref, vous connaissez !
Le boulot sérieux attendait, fiches trois colonnes, transparents et QCM svp ! Selon les arcanes de l’instruction moderne. Instruction complète mais rapide vu l’épaisseur de l’UCE. Rien que le premier jour, on a fait les circuits essence, huile, hydraulique, électrique mais pas le circuit « Arrivée » !
Vive discussion, tout de même, autour de la régulation hélice pour savoir si la fuite tarée se détendait selon la courbe pseudo-adiabatique saturée ou celle du thermomètre mouillé. De toute façon avec les masselottes à fentes haricots ça ne pouvait que gazer tout le monde l’a bien senti…Les stagiaires étaient curieux, les instructeurs compétents et sympas, l’avion pas trop compliqué.
FAIS – MOI VOIR TA BEBETTE : (traduisez : l’amphi cabine)
Ça y est ! On la touche, sauf un distrait qui cherche obstinément à retirer les éclisse d’une poubelle paisiblement stationnée dans le hangar. C’est le même d’ailleurs, qui cherche le couvercle quand il arrive aux poignées chromées près du plan fixe arrière.
C’est gras, c’est gros, c’est green. Soyons honnête, il rappelle le « Norsman 1937 » et son profil a dû faire les beaux jours des souffleries de la même époque. Vu la qualité de la tôle et le mélange des couleurs, notre historien l’aurait bien situé vers 1664 mais cet aéronef est interdit pour l’accro (nembourg !)
Pas besoin de mobylette pour faire le tour, tout est à portée de main. On palpe, on tête, on tripote des goupilles, des Dzeus jaunes et autres chaînes. On retire des éclisses et on finit par laisser des grosses traces de doigts sur la forme 11. J’vous l’avais dit, c’est gras.
Allez,assez ri, on s’installe pour faire tousser la bouzine, on se coince les deltoïdes et hypocondres dans les bretelles et le premier ainsi harnaché ne peut s’empêcher de dire : « Il est lourd vot’sac à dos…)
Mais, le sérieux est de rigueur et le monit’ embraye sur la check-list. Il nous lit ça item par item avec une pose variable selon notre habileté, notre sagacité à localiser puis bidouiller le zinzin selon la phrases précitée.
Le mélange est sur normal, les gaz un pet ouvert…Le cache du démarreur a libéré le bitoniot, on sent qu’il va se passer quelque chose.
Vive émotion lors de la mise en route de la pompe électrique qui, outre un bruit grinçant très surprenant, entraîna le démarrage du GTG d’un Transall stationné à côté, avec les gargouillis que vous connaissez. Grands yeux inquiets du monit’ qui s’apprêtait à rigoler de notre surprise. Angoisse chez nous, vu que tout était nouveau et qu’on sentait tout de même que ça sortait de l’ordinaire.
Enfin on découvre la chose, on se détend et le démarrage se poursuit sans problème ;
L’impression est agréables, le ronron sympa et soyons honnête, il y a bien longtemps qu’on n’a pas eu de machin qui tourne devant le museau. Ça change ! On apprend une nouvelle gestuelle, on s’habitue aux nouveaux bruits après s’être fait confirmer leur origine, leur nature et leur raison d’être…Et puis, nous reviendrons demain parce que pour aujourd’hui ça suffit !
QUAND DEMAIN , C’EST AUJOURD’HUI (traduisez : mission T1, le roulement)
IL fait beau et une petite brise d’ouest pousse de forts jolis « cunams » printaniers. L’estomac se décrispe un poil. On regarde à côté voir s’il n’y a pas de « Transall » avant de mettre la pompe électrique en route…et ç’est parti.
La bête ne vas pas tarder à s’ébranler. Un coup sur le levier pour le hisser au 2 ème étage et la tête au ras du plafond, on avance.
Coups timides sur les pédales puis sur les freins pour tenter de suivre la ligne jaune et enfin intervention virile pour le remettre dans le droit chemin, non mais des fois !
Petit point fixe où les gestes francs compensent l’esprit hésitant. On s’aligne et on se planque derrière le tableau de bord après un retour au rez-de-chaussée. VAS-Y
MON POTE (traduisez : mission T1 ; le décollage)
On, l’savait, on nous l’avait dit, on était prévenu, on a quand même pu, sans tourner la tête, compter les balises de la 27 et des deux côtés. Regard rapide et désespéré au monit’ qu suit les sinuosités de la ligne axiales avec des mouvements d’yeux attentifs, un léger sourire aux lèvres, apparemment ddé&contacté…ça doit être normal, poursuivons…
On pousse comme des durs pour retrouver une assiette digne d’un avion de ce siècle et on pédale tel Fred Astair dans « Swinging in the rain». O, surprise l’avion est toujours sur la piste en dépit des nombreuses bretelles qu’il aurait tendance à nous faire prendre, mais nous on ne veut pas retourner au parking et à 65 kts, on lui coupe toute envie d’aller traînasser dans l’herbe.
ON VA S’ENVOYER EN L’AIR (traduisez : le décollage suite)
On freine d’abord, on respire ensuite, pas longtemps d’ailleurs car déjà on prend conscience de la joie que ça va être pour le ramener sur la piste, d’autant plus qu’elle est rectiligne et que ça ne facilite pas les choses.On applique à la lettre la « check list » et on continue dans l’axe parce que des virages et le reste, on verra ça plus loin.
RELAXE MAX (traduisez mission T1 : prise en main et finale)
Après avoir fait 10 ans de logistique entre mach 0,35 et mach 0,85, ça me fait tout drôle de déplacer l’index telle la limace moyenne sur un canevas Lambert au
1/250 000.
« Bon alors là on est à Saint Quentin (en Yvelines), là-bas au fond c’est Trappes ! » On a le temps d’admirer le paysage et on finit presque par oublier le Brou ! Pas longtemps car nous arrivons dans la zone, on va pouvoir se mesurer.
Et zut ! Nous revoilà déjà en vent arrière. Y a pas de doute, la ligne axiale est bien toute droit et des images d’un passé très récent nous reviennent en mémoire, on pense aussi aux histoires qui se racontent bêtement autour d’un godet. Bref, c’est pas la trouille mais il va bien falloir le poser, ce zinzin ! Bon dans l’ALAT , y font ça tous les jours et les colonels de nos états-majors aussi…Voyons voir si je peux monter en grade…
J’ai déjà réussi à prendre la pente, reste plus qu’à la garder… Réduis les gaz à fond et retiens le hurle le monit’ dans mon écouteur (1).
Une pensée subite on pourrait pas remettre les gaz ? Refaire un tour… pour voir …si la pente est bien la bonne…mais l’avions ne veut plus voler et il faut faire quelque chose. En l’occurrence coincer le manche dans la position du singe qui s’ennuie et attendre que ce soit fini en gardant les ailes horizontales. Tiens nous voilà posés ! Non on revole, mais non, on se repose…Tiens donc la tour est dans l’axe de la piste !
Bref, au bout d’un moment, moniteur transpirant nous voilà immobilisés.
Et 54 fois plus tard…
LACHEZ-MOI UN PEU (traduisez : mission T7 solo)
Le « Lâcher » fut grandiose, brillant, et plein de réussite puisque les trois « Broussard » étaient encore dispo après la bataille. Oserai-je dire que jamais nous n’avons fait aussi bien. Qu’on ne vit procédure plus précisément exécutée et qu’oyez gente foule ce petit baiser de pucelle par deux fois réalisé sans qu’aucun des rivets de la nervure entoilée ne le ressente. Les chevaliers de la toaste piste, grands protecteurs du caoutchouc à seize plis, voilà ce que nous sommes devenus.
Le champagne était bon et la sensation d’avoir fait « quelque chose » nous enivrait bien davantage que le divin breuvage.
Pilotage d’un autre âge…Alors sachons apprécier la machine qui nous impose respect et vigilance et merci à nos monit’ pour leurs qualités humaines et pédagogiques.
Maintenant, on va se préparer pour notre transfo sur DC8…alors… Salut.